Maintenant que les femmes sont enfin de plus en plus représentées dans le monde de l’entreprise, dans le monde politique, dans les medias, il reste encore du travail à accomplir pour que leur voix soit entendue et…écoutée. Pour être écoutée, il faut d’abord se faire entendre. Prendre la parole, à voix haute, à voix forte, pour beaucoup de femmes, est encore difficile. Psychologiquement et techniquement. Et l’un ne va pas sans l’autre.

Les femmes doivent apprendre à empiéter un peu sur le terrain sonore et postural des hommes, pour qui la position de pouvoir est depuis toujours naturelle.
Il n’est évidemment pas question de se masculiniser à outrance, mais bien plutôt de se débarrasser en douceur d’une façon d’être féminine qui limite et enferme.
Prendre plus de place dans la territorialité oratoire, lutter contre le manspelling et le mansplaining, pourra se faire ainsi sans utiliser mots contre mots mais plus subtilement en imposant d’emblée une voix plus affirmée.

Le travail nécessaire à une meilleure connaissance et maîtrise de sa voix et de son expression orale, nécessite un training. Au cours de cette atelier, il y aura un premier temps de prise de conscience, puis des exercices pratiques qui rendront peu à peu naturelles de nouvelles manières de s’exprimer. Seront étudiés: La respiration, les résonateurs, le timbre, le rythme, la modulation, l’articulation, le volume, la gestion du trac et également la posture et le langage non verbal.

La puissance :
Nous ne sommes la plupart du temps pas à l’aise avec le fait de prendre trop de place, physique et sonore. Car ce n’est pas dans nos habitudes. Des études ont observé que dans les cours d’école les garçons prenaient généralement la place centrale, bruyamment et dans le mouvement et que les filles se regroupaient dans les coins, contre les murs. On connaît encore aujourd’hui à l’âge adulte la difficulté parfois pour la femme à prendre sa place dans l’espace public.
D’autre part une voix de femme puissante n’est pas reçue de la même façon que celle d’un homme.
Combien de femmes seules, ou en minorité, dans des réunions d’hommes, n’arrivent pas à prendre la parole au milieu de toutes ces voix puissantes et graves, et restent cantonnées à une simple présence ou à de rares interventions?
Il va être nécessaire dans un premier temps d’accepter de s’entendre parler plus fort qu’à l’habitude, et d’apprendre techniquement à moduler son volume en fonction de la situation.

Le ton :
Toutes les petites filles intègrent très vite que pour être aimées elles doivent être polies, douces et souriantes, en tout cas auprès des adultes. Cette position d’adaptation, de soumission volontaire, on la retrouve lorsque que nous sommes confrontées aux autres dans le cadre professionnel.
Nous voulons plaire, être aimable, attirer l’attention, alors…Nous sourions.Trop.
Ce sourire qui signifie «tu vois je suis gentille» nous amène trop souvent à nous transformer en porteuse de café dédiée. Il  a un autre inconvénient, tout simplement technique mais dont les conséquences sont majeures: Parler dans le sourire bloque la voix au niveau des medium et des aigus. Or le siège sonore de l’autorité, de l’assurance est le grave. Qui se trouve dans la poitrine. Impossible d’y accéder en souriant. Il va falloir apprendre à sourire…entre les mots, avec les yeux, avec un ton plus modulé, tout en pouvant dégager une certaine autorité et assurance.

Les aigus :
Nous n’avons pas toujours vraiment quitté notre voix de jeune fille, voire de petite fille. Nous nous y réfugions même par réflexe ou défense, même lorsque dans les moments d’intimité et de confiance on peut avoir une voix plus posée. Mais nombreuses sont les femmes se plaignant de leur voix trop aiguë, et pensent que c’est une réalité intangible. Or, sans changer sa personnalité vocale profonde, ce qu’on appelle sa signature vocale, il est possible en prenant conscience particulièrement de ses résonateurs, de se forger une voix plus adulte, plus ferme et qui empruntant des couleurs plus riches, plus pleines, va s’imposer plus largement dans l’espace sonore.difficile à interrompre.