« Il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. » Voilà, on y est. Et la crise s’est installée le plus démocratiquement du monde, par les urnes. Jamais une élection n’aura été aussi genrée. Jamais l’écart entre le vote des jeunes femmes et celui des hommes n’aura été si manifeste. « La vengeance de l’homme en colère », commente Le Monde.
Aveuglés par l’obsession du wokisme, excités par les fausses informations propagées sur X, les électeurs américains ont préféré un vieux prédateur sexuel à une femme compétente, pleine d’énergie et de compassion. Vous pensiez que le plafond de verre n’existait plus ? Ne jamais sous-estimer la puissance de la misogynie intégrée. Même celle des femmes. Celles qui, dans les banlieues vertes de Houston ou de Philadelphie, ont choisi l’agent orange.
Mais vous avez suivi les élections comme nous.
Nous sommes la WAW Coalition. Un groupe d’associations féministes belges qui unissent leurs forces sous la bannière de WomenAtWork. L’Institut pour l’Egalité des Femmes et des Hommes nous a confié le plaidoyer sur ce thème : les femmes au travail et dans l’économie.
Aujourd’hui, nous exprimons notre solidarité avec les Américaines qui sont en première ligne des restrictions de droits mises en route par leur futur président. IVG hors la loi, interventions médicales interdites en cas de fausse couche, femmes accusées d’homicides parce qu’elles perdent un enfant…
Le mois dernier, Michelle Obama exhortait les hommes à prendre conscience qu’à terme, ces mesures impacteront leur femme, leur mère, leur fille. Qu’elles décourageront les jeunes médecins et affaibliront la médecine préventive, mettant en danger la totalité des femmes et des filles.
Bien entendu, le retour de Trump et de sa clique n’est pas seulement dangereux pour les Américaines. Sa politique sexiste, raciste et climatosceptique menace l’ensemble de la population. Sa fascination pour les dictateurs, ses liens troubles avec plusieurs d’entre eux, n’augure rien de bon.
Face à ces mauvaises nouvelles, que pouvons-nous faire, au quotidien, à notre niveau en Belgique ? Accroître notre vigilance là où nous pouvons exercer une influence : défendre nos droits, visibiliser et combattre les violences sexistes et sexuelles, assurer l’égalité réelle entre les femmes et les hommes au travail, garantir la juste représentation des femmes au sommet des organisations. Veiller à de meilleures conditions d’accueil des femmes et des enfants migrants, mettre en place des passerelles d’équivalence de diplômes pour que les migrantes accèdent à des emplois à leur juste niveau de compétences plutôt qu’à leur orientation systématique vers les titres services et emplois précaires.
Réagir, enfin, face à quiconque tenterait de jouer les Baby Trump. Soutenir les démocrates qui continueront à se battre pour l’égalité, la liberté de choix et l’émancipation des femmes. Avec courage, et avec dignité.
Pour y parvenir, unissons nos forces, organisons-nous en réseau et avançons ensemble. Oui, messieurs, avec vous aussi.
Coalition fédérale soutenue par l’IEFH rassemblant des associations ayant une expertise sur le thème de « l’égalité de genres et indépendance socio-économique ».
Les signataires de cette tribune : JUMP, Solutions for Equity at Work ; Girleek ; Pour la Solidarité ; Femmes de Droit ; Vrouwenraad ; Conseil des Femmes Francophones de Belgique ; Cercle Olympe ; Université des Femmes ; Womenpreneur ; Touche Pas à Ma Pote ; Femmes Chefs d’Entreprises.