The Fatherhood Institute a publié un rapport très intéressant sur l’index d’égalité dans les familles. Et oui, désormais on ne parle plus seulement d’égalité entre hommes et femmes dans la société ou au travail mais aussi au sein même de la famille !
Depuis que je réfléchis à la place des femmes dans l’économie, je me suis rendue compte que si elles ont pu révolutionner le marché du travail par leur arrivée massive et créer l’accroissement de richesse jamais réalisé par aucun autre facteur, cet engagement dans le travail n’avait pas jusqu’ici fondamentalement changé les responsabilités au sein des couples et des familles. Les rôles familiaux sont restés très stéréotypés et ont laissé le poids de la famille et de la gestion de la maison sur les épaules des femmes alors qu’elles devenaient de plus en plus actives sur le marché de l’emploi aussi. Donc quand on parle de conciliation familiale et professionnelle, on pense essentiellement au souci des femmes. Il est évident que travailler plein temps en ayant de plus en plus de responsabilité dans son boulot tout en devant gérer une famille et une maison est exténuant et demande souvent à un certain moment de faire des choix qui pénalisent régulièrement la carrière des femmes. Mais cela change et ce que le Fatherhood Institute nous démontre …
Si pendant 50 ans les équilibres à la maison n’ont pas beaucoup changé, cela évolue depuis une dizaine d’années. C’est davantage au niveau des soins aux enfants que les rôles sont entrain de bouger (plutôt que dans la charge de l’entretien et de gestion de la maison). Les divorces et la généralisation de la garde alternée amplifient le phénomène*.
Les pères acquièrent une place de plus en plus importante et même une nouvelle identité en tant qu’homme. Il faut opposer cette nouvelle virilité au machisme. Ce n’est pas parce qu’un homme est viril qu’il est macho. Je dirais même le contraire. Il n’y a pas plus attirant qu’un homme qui n’a pas besoin de dominer sa femme pour pouvoir exister. Ce sont les vrais chevaliers des temps modernes. Il n’en reste pas moins que c‘est encore difficile pour beaucoup d’entre eux de s’occuper de leurs enfants dans des tâches typiquement maternelles comme le change, le bain, la préparation de leur nourriture, la mise au lit, les visites chez le pédiatre, … on s’extasie encore beaucoup quand un papa change son nouveau né ! Comme si leur inclinaison naturelle était aux jeux ou à l’éducation et non aux soins. En Belgique, pour chaque heure consacrée par la maman aux soins de ses enfants, le père consacre 39 min et 36 min pour l’entretien de la maison (y compris jardinage et bricolage !). Les champions toutes catégories restent encore et toujours les scandinaves avec 47 à 53 min aussi bien pour la maison que pour les enfants. Et là où les femmes travaillent essentiellement à temps partiel comme aux Pays-Bas, en Allemagne ou en Autriche, l’implication des hommes est plus basse.
Une étude américaine appelée « A market punishing to mothers » a démontré que les mères sont toujours pénalisées dans leur carrière contrairement aux pères mais que quand la répartition des tâches est davantage paritaire, la carrière des mères s’envole et les entreprises changent leur appréhension vis-à-vis de la maternité.
Le Fatherhood Institute démontre aussi que quand les rôles dans la famille sont réellement partagés, c’est à dire que chacun contribue à l’argent du ménage et à la prise en charge des soins des enfants et de la gestion de la maison, les couples sont plus heureux et restent ensemble plus longtemps.
Mais c’est aussi sur les enfants que l’impact de l’engagement grandissant des pères se ressent …
- Ils ont une adolescence moins difficile et moins violente
- Ils atteignent de plus haut niveau d’éducation
- Ils ont une plus grande intelligence émotionnelle
- Ils ont de meilleurs relations et sociabilité
- Ils ont une meilleure image d’eux-mêmes et sont plus heureux
La place des femmes au travail et le bonheur dans les familles dépendent donc beaucoup du changement des hommes et en particulier des pères. Alors, courage messieurs nous sommes doucement mais sûrement entrain de construire un nouveau monde plus juste et plus heureux.
Derriere chaque grande femme se cache un GRAND homme
Face à la difficulté de mener une double carrière au sein du couple, c’était, traditionnellement, les femmes qui renonçaient à leur vie professionnelle au profit de leur vie familiale. Désormais, de plus en plus de mères veulent poursuivre une carrière et sollicitent le soutien de leur conjoint. Certains ménages décident alors d’inverser le schéma traditionnel. Ce sont les pères qui prennent en mains la gestion du ménage, permettant ainsi à leur partenaire de poursuivre le développement de leur carrière professionnelle.
JUMP a interrogé plus de 150 personnes qui ont fait ce choix. Voici les principales conclusions de l’enquête :
- La motivation principale : soutenir, à long terme, la carrière de sa partenaire
Sur base des résultats de l’étude, deux raisons principales semblent motiver ce changement des rôles : le soutien de la carrière du conjoint et l’envie de consacrer plus de temps à sa famille.
L’étude montre aussi que la plupart des ménages ne considèrent pas ce schéma familial comme une solution de rechange ou de dépannage mais plutôt comme une solution durable pour leur famille. En effet, 88% des pères interrogés assument cette responsabilité depuis plus d’un an et près de 50% l’assument depuis plus de 5 ans. Parallèlement, 58% d’entre eux ont l’intention de conserver cette responsabilité pour plus de 3 ans ou indéfiniment.
Cet engagement à long-terme se reflète dans la répartition des tâches quotidiennes. 61% des pères de famille estiment être le responsable principal des tâches ménagères. Toutefois, les décisions financières et celles concernant l’éducation des enfants sont davantage partagées et concertées dans le couple.
2. Quels sont les conséquences de ce choix ?
Les pères pionniers perçoivent deux avantages principaux à leur choix : l’opportunité d’une meilleure carrière pour la partenaire et le bonheur des enfants. Deux éléments qui rejoignent les raisons de leur choix. Du côté des mères, elles apprécient ces deux éléments tout comme la notion de « repos et moins de stress dans le ménage ».
De manière globale, plus de la moitié des pères interrogés sont satisfaits de leur situation. Même si 30% d’entre eux éprouvent, parfois, des sentiments mitigés face à leur choix.
- Des obstacles persistent
Malgré les nombreux avantages répercutés sur leur vie de famille, les pères pionniers rencontrent certaines difficultés :
- La contrainte financière est un élément important. Le ménage ne peut pas se permettre autant de dépenses que dans une situation où deux salaires plein temps subviennent aux besoins. L’homme peut aussi avoir des difficultés à accepter sa dépendance financière.
- L’exclusion de la vie (partielle ou totale) active est un autre point d’achoppement à ce modèle familial. Les pères évoquent leur isolement et la baisse d’invitations.
- La pression de l’employeur et les conséquences de leur choix sur leur carrière représentent un frein. Ceci se reflète dans le souhait des pères pionniers d’avoir plus de flexibilité au travail et d’une reconnaissance du rôle parental du père plus élevée.
- La perception de l’entourage constitue également un obstacle. Les pères de famille interrogés ressentent un soutien relativement modeste de la part de leur famille, leurs amis et leurs collègues de travail.
Les obstacles clés identifiés par les pères sont directement liés à la diminution de leur temps de travail. On remarque que 92% des pères ciblés travaillaient précédemment à plein temps. Suite au choix de prendre plus de responsabilités familiales, ils ne sont plus que 57% à travailler à temps plein, les temps partiels et les pères au foyer augmentant fortement.
- Demandes vis-à-vis de la société
Les ménages interrogés souhaiteraient, avant tout, plus de flexibilité au travail, l’amélioration de services de garde d’enfants ainsi que la reconnaissance et la promotion du rôle parental du père dans la société et les entreprises. Ceci se traduit de trois manières :
- Offrir des options de travail flexible pas seulement aux mères mais aussi aux pères. Ces programmes sont de plus en plus demandés et, selon une étude précédente, lorsqu’une entreprise ne les propose pas à ces employés, ceci impacte très négativement leur satisfaction vis-à-vis de leur employeur.
- Améliorer la visibilité des pères qui ont choisi plus de flexibilité tout en conservant des postes à responsabilités et des possibilités d’évolution dans leur carrière. Ceci permettrait de faire évoluer les mentalités et la perception de ces programmes.
- Améliorer les services de garde d’enfants et promouvoir le rôle du père, en revoyant par exemple le congé parental, par le gouvernement
Ces couples qui inversent les rôles traditionnels de genre doivent être érigés en véritable « role models» pour ouvrir de nouveaux champs de liberté aussi bien aux femmes qu’aux hommes sans en être stigmatisés.
Isabella Lenarduzzi