Editorials

- Isabella Lenarduzzi

L’Europe fera-t-elle encore avancer l’égalité entre les femmes et les hommes ?

Avant le XX ième siècle les femmes n’avaient aucun droit car considérées comme des êtres inférieurs ne pouvant décider pour elles-mêmes. C’est surtout vrai pour les femmes mariées. Par exemple ce n’est qu’en 1942 en France que les femmes mariées peuvent travailler mais à condition de ne pas créer un licenciement pour autrui !

Ce n’est qu’après la seconde guerre mondiale qu’en Europe les discriminations qui sont inscrites dans la Loi disparaissent au fur et à mesure.

Mais c’est la construction de l’Europe qui va donner un vrai coup d’élan à l’égalité depuis le traité de Rome en 57 et surtout depuis les années 2000 avec l’implémentation nationales des directives européennes qui visent à lutter contre les inégalités au travail et en politique :

En 1965, les Femmes ont le droit de travailler sans l’autorisation de leur mari.

En 1972 apparaît la notion de « A travail égal, salaire égal » et en 1975 les discriminations deviennent enfin interdites.

C’est seulement en 1976 qu’une femme peut ouvrir un compte en banque sans l’autorisation de son mari. Je me suis moi-même vue refuser une carte de crédit par ma banque au début des années 1990 (la Générale de Banque) car mon « scoring » éliminait 10 points pour toute femme non mariée !

En 2010, le Parlement Européen a adopté la Charte des Femmes (Women’s Charter) pour diffuser l’égalité dans toutes les politiques européennes (gendermainstreaming) ainsi que la Stratégie pour l’égalité entre les Femmes et les Hommes pour la période 2010-2015. Dans la stratégie EUROPE 2020, l’augmentation du taux de participation des femmes à l’économie est fondamentale pour parvenir aux objectifs d’une économie compétitive et durable. Le travail du Parlement Européen est essentiel en matière d’égalité. Ces deux dernières années plusieurs textes ont été adoptés :

  • 20 semaines de congé de maternité et deux semaines de congé de paternité payées à plein tarif – décision toujours pas avalisée par le Conseil Européen
  • Résolution contraignante contre la violence faite aux femmes avec un mandat de protection européen
  • Directive sur la traite des êtres humains
  • Un quota de genre dans les Conseils d’Administration des sociétés cotées en bourse avec un objectif de 30% de femmes en 2015 et de 40% en 2020 – nous sommes à 18% actuellement en Europe et 17% en Belgique

Pour continuer sur cette lancée, il faudra beaucoup d’énergie au nouveau Parlement Européen et à la Commission.
Lors des dernières élections, le % de femmes élues a augmenté de 1,75% atteignant près de 37%. Mais à ce rythme-là il faudra 50 ans pour arriver à la parité. Ce sont les partis de gauche et d’extrême gauche qui remportent toujours la palme.

Quant à la nouvelle Commission Juncker, malgré tous ses efforts, elle n’accueille pas une femme de plus que les 9 précédentes (sur 28). Il sera d’autant plus difficile d’imposer un quota de genre de 40% aux entreprises cotées en bourse alors que l’institution ne l’applique par pour elle-même.

« L’égalité n’est pas juste un slogan ; c’est notre responsabilité économique et sociale. Je suis confiante qu’ensemble nous y arriverons. » Viviane Reding, Commissaire à l’égalité dans la Commission Barroso.

Pourvu que les gardiens de l’Europe se montrent responsables alors.

Isabella Lenarduzzi
JUMP « Promoting Gender Equality, Advancing the Economy »