Editorials

- Isabella Lenarduzzi

Les leçons de carrière de la première patronne de la Fed.

Dès janvier, la femme la plus puissante au monde sera probablement Janet Yellen, la première femme patronne de la réserve fédérale américaine (FED). Elle constituera un trio de tête avec Angela Merkel et Christine Lagarde (FMI). Voici donc l’occasion pour analyser de plus près son parcours et s’en inspirer.

Après de brillantes études à Yale et en parallèle avec une carrière de professeure à Harvard et à la London School of Economics,  Janet Yellen est rentrée par la petite porte à la Fed en 1977 pour fournir des analyses et statistiques au directoire. Elle devient n°2 en 2010 non sans avoir anticipé la crise des « sub-primes » et en l’exprimant de façon très imagée « je prévois qu’un immonde gorille rentrera bientôt dans un magasin de cristal ».  Elle se fait donc remarquer pour son franc parler et pour son côté rebelle car elle ose voter régulièrement contre son patron de l’époque, Alan Greenspan.

Bill Clinton l’engage comme cheffe des conseillers économique de la Maison Blanche. Elle est très proche des démocrates en ayant comme priorité la lutte contre le chômage plutôt que celle contre l’inflation. Elle est aussi mariée à un prix Nobel d’économie (G. Akerlof) qui la soutient dans sa carrière et dans sa liberté de parole, faisant partie lui-même d’une bande de « rebelles », celle de Joseph Stiglitz. Ils auront un fils lui-même professeur à l’université. Dans son parcours, il n’y a aucune trace de fonction dans un établissement financier où elle aurait fait fortune comme tous ses prédécesseurs mais un engagement constant et profond pour servir son pays.

On parle d’elle comme successeur de Ben Bernanke en  2009. Mais il est finalement reconduit dans ses fonctions. Cette année, les lobbys financiers ont poussé la nomination d’un des leurs … Lawrence Summers. Mais ce gestionnaire de « Hedge Fund » a commis des gaffes en communication laissant apparaître son cynisme (c’est le mot le plus faible que je puisse trouver). En 1991 il écrit une note qui encourage les pays industriels à continuer à envoyer leurs déchets en Afrique et en 2005 il explique le faible nombre de femmes en science et ingénieurs en disant qu’elles sont moins disponibles et finalement moins aptes à faire carrière. Devant la pression de l’opinion, Summers annonce qu’il n’est pas candidat.

Le parcours de Janet Yellen, sa personnalité, son expérience et son positionnement politique sont de bonnes augures pour l’économie mondiale mais ils confirment aussi l’analyse de Catalyst « The myth of the ideal worker » à savoir que les femmes ont intérêt à rester longtemps dans leur entreprise car elles sont jugées sur leurs résultats alors que les hommes sont évalués suivant leur potentiel.  Parmi les diplômés d’un MBA, Catalyst démontre que les femmes sont aussi ambitieuses que les hommes. Elles se positionnent autant que les hommes pour des postes à responsabilité et utilisent les éléments qui sont repris dans tous les Best Sellers de management (networking, négociation, self marketing, maîtrise des « unwritten rules » …). Mais l’étude montre que les mêmes stratégies ne fonctionnent pas de façon égale  pour les hommes et les femmes. Les femmes doivent adopter des stratégies différentes de leurs collègues masculins pour avancer dans leurs carrières. Quand les femmes sont proactives en faisant connaître leurs réalisations, elles ont progressé dans la hiérarchie et augmenté leur salaire. Elles avancent également quand elles se mettent en réseau avec d’autres personnes influentes. Par contre pour les hommes, faire connaître leurs réalisations n’aurait pas eu d’impact sur leur carrière. En revanche, l’accès à des réseaux influents aide fortement les hommes à évoluer.

Il y a encore deux autres leçons à tirer de la reconnaissance apportée à Janet Yellen. D’abord, le meilleur atout pour une carrière est d’avoir un partenaire de vie qui vous soutienne dans votre développement professionnel et ne vous mette pas la pression pour que vous soyez avant tout une maîtresse de maison, épouse et mère ! Il partage votre ambition et partage aussi la gestion familiale.

Ensuite, toutes les études démontrent que dans la plupart des milieux professionnels, les femmes qui préfèrent rester « authentiques » en osant faire valoir des attitudes et valeurs dites « féminines », sont appréciées comme collègues mais ne sont pas considérées comme « leader » et restent donc invisibles quand le train des promotions passe ou que l’on octroie des missions à haute visibilité. Par contre, celles qui consciemment ou inconsciemment, deviennent des « hommes comme les autres » en étant dures, compétitives, et « workalcoholic » (donc entrent dans le moule du leader modèle mais archaïque), sont estimées par la hiérarchie pour leur engagement mais ne sont pas aimées ni considérées comme inspirantes car ce type de comportement est contraire à ce que l’on attend d’une femme !
Devant ce dilemme, je conseille toujours aux femmes de rester avant tout comme elles sont vraiment. Si elles ne sentent pas reconnues et valorisées car leurs attitudes et valeurs ne correspondent pas à la culture de leur entreprise, elles doivent changer d’employeur ou de carrière plutôt que d’essayer de s’adapter. Mais ceci est vrai pour les hommes aussi …

Janet Yellen n’a pas fait de compromis avec son intégrité et sa personnalité. Elle est restée au service de l’enseignement et du secteur public alors qu’elle pouvait devenir très riche en choisissant une institution financière privée. Elle a toujours gardé et exprimé son honnêteté intellectuelle même quand cela pouvait déplaire aux puissants et à ses patrons. Elle a formé un couple de partenaires solidaires avec son prix Nobel de mari. Elle a dû faire valoir ses succès accumulés au fil de très longues années de loyauté pour parvenir au sommet. Probablement moins rapidement que si elle avait été un homme (elle a 67 ans !).

Avec sa nomination,  les Etats Unis  et le monde n’ont pas seulement gagné en égalité entre les femmes et les hommes, nous avons surtout tous gagné en humilité, patience, droiture, honnêteté et empathie envers les citoyens les plus fragiles. C’est bien tout l’enjeu de l’égalité professionnelle !

Comment planifier vos objectifs de carrière ?

Commencez par créer votre propre liste de stratégie de carrière et faite de cette année une année déterminante pour votre carrière. Evaluez votre parcours professionnel, mettez à jour votre CV afin de refléter les réalisations récentes, et définissez de nouveaux objectifs pour l’année prochaine. Si vous prenez  maintenant le temps de vous préparer pour de nouvelles opportunités, vous pouvez être confiante en votre capacité à briller au moment le plus important.

Voici 5 éléments de la liste de stratégie de carrière comprenant:

  1. Préparez-vous pour l’année à venir par une réflexion sur les réalisations de cette année.
    Avez-vous atteint ou dépassé vos objectifs professionnels? En faisant l’inventaire des ambitions de l’an dernier et le succès ou l’échec de ces dernières, vous serez en mesure de combler les lacunes avant la fin de l’année. En outre, faite une liste de toutes vos réalisations et assurez-vous d’écrire pourquoi vous avez réussi. Un moyen sûr de prendre la main sur vos perspectives de carrière et d’impressionner votre patron, c’est d’organiser une réunion aujourd’hui pour parler de vos objectifs. Être proactive vous distinguera de vos collègues.

 

  1. Mettez à jour votre CV à faite ressortir le meilleur en vous.

Une fois votre liste de réalisations rédigée, saisissez cette occasion pour retravailler votre CV en ajoutant cette information. Vous pouvez également, à ce stade, vouloir mettre à jour votre CV afin de mieux tenir compte de vos objectifs de carrière. En outre, mettre à jour le style ou le ton de cette lettre afin de s’assurer que le curriculum vitae véhicule bien qui vous êtes et qui vous voulez être. Rappelez-vous que c’est la première impression qui compte!

  1. 3. Déterminez des objectifs et sortez des sentiers battus.

Si vous accomplissez vos objectifs sans une goutte de sueur, c’est peut-être maintenant le bon moment pour décider si vous devez rester dans votre emploi actuel ou rechercher des opportunités ailleurs. Rappelez-vous, qu’il est toujours préférable de rechercher des opportunités au sein de votre organisation avant de s’aventurer à l’extérieur (surtout en temps de crise !).

  1. 4. Jetez un oeil à votre valeur en évaluant votre salaire et les avantages.

Bien que le salaire soit important, la plupart des gens apprécie les emplois qui les récompensent par d’autres moyens tels que la valeur de l’organisation ou des environnements de travail flexibles. Etudiez votre échelle salariale pour savoir si vous êtes correctement indemnisée en fonction de l’ensemble de vos compétences, de votre niveau et de vos réalisations. Recherchez en ligne les outils qui vous donneront rapidement les informations dont vous avez besoin pour préparer votre prochaine révision salariale.

5. Obtenez de nouvelles compétences.

Cherchez de nouvelles voies à ajouter à votreportefeuille de compétences. Assistez à JUMP Academy, aux ateliers en soirée, suivezdes séminaires en ligneoutrouvez quelqueslivres d’affairessur unsujet intéressant.

Isabella Lenarduzzi, Directrice de JUMP “Promoting Gender Equality, Advancing the Economy”.