Tribune publiée sur L’Echo et De Wereld Morgen.
Face aux attaques contre la Diversité et l’Inclusion la coalition fédérale Women At Work[1] (WAW) réclame un renforcement des politiques anti-discrimination.
La diversité, c’est aller chercher les talents et les compétences là où ils sont : dans toutes les catégories sociales. Elle est indispensable pour faire advenir une véritable méritocratie, incompatible avec l’entre-soi.
L’inclusion c’est permettre à chaque personne de pouvoir donner le meilleur d’elle-même car elle se sent respectée dans ses différences et traitée avec un égal respect et dignité.
La diversité permet donc la pluralité des talents et l’inclusion les fait grandir et leur donne envie de rester.
La diversité et l’inclusion ne sont ni une contrainte ni une formalité : ce sont des leviers de compétitivité qui améliorent tous les indicateurs de performance, financiers comme humains.
Au-delà de leur impact économique, la diversité et l’inclusion sont les garantes de la responsabilité sociale des entreprises et de leur alignement avec les valeurs et les lois européennes.
L’égalité est une des valeurs fondamentales de l’Union Européenne car il n’y a pas de liberté ni de démocratie sans elle. C’est pourquoi l’article 21 de la charte des droits fondamentaux interdit toute discrimination et promeut l’égalité des chances.
Consciente du rôle moteur des entreprises vers une économie durable, l’UE leur impose désormais un cadre commun pour mesurer leur impact : la CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive). Elle garantira enfin des données comparables, fiables et transparentes.
Ironie du calendrier : alors que la CSRD entre en vigueur cette année, le gouvernement américain bannit des centaines de mots de son administration (femmes, égalité, inclusion, racisme…) et exige des entreprises et des universités liées de près ou de loin à l’État fédéral qu’elles abandonnent leurs politiques DEI (diversité, équité et inclusion).
Du mauvais côté de l’Histoire
Pour ces organisations, la réponse à apporter à ces injonctions contradictoires entre l’Europe et les US, est redoutable. Si elles se plient aux diktats de Trump pour protéger leurs acquis, elles renient leurs engagements vis-à-vis de leur personnel et de leurs clients et fragilisent leur avenir. Il faudra aussi assumer qu’elles auront choisi le mauvais côté de l’Histoire. Le temps long a toujours tranché en faveur du progrès social malgré les résistances et les reculs.
Pour toutes celles qui ne sont pas sous pression américaine — et elles sont majoritaires — c’est le moment ou jamais d’affirmer haut et fort leur engagement pour l’égalité des chances. Elles y gagneront en attractivité et contribueront à renforcer le modèle européen.
La coalition WAW (Women At Work) salue la fermeté affichée par notre Premier Ministre et le Ministre des Affaires Étrangères Maxime Prévost. Espérons que des actes politique et des mesures fortes accompagneront ces prises de paroles.
L’heure exige une réponse coordonnée, ambitieuse et résolue de toutes nos institutions, pour soutenir les entreprises concernées et renforcer les dispositifs en place : quotas de genre, CSRD, politiques anti-discrimination, …
Prenons exemple sur Bernard Clerfayt, Ministre bruxellois de l’Emploi, qui a choisi de répondre aux pressions américaines en proposant que l’accès aux marchés publics et aux aides régionales soit conditionné à l’existence d’un plan DEI. L’Union européenne applique déjà une logique similaire : les projets de recherche doivent disposer d’un Gender Equality Plan (GEP) pour bénéficier des financements du programme Horizon Europe.
Au-delà du réarmement, notre seule défense durable est la réaffirmation résolue de nos valeurs d’égalité et d’inclusion. C’est la condition absolue pour poursuivre la construction d’une Europe puissante mais fidèle à ses idéaux démocratiques et de justice sociale.
[1] WAW est une coalition fédérale de 11 associations féministes coordonnées par JUMP, soutenue par l’IEFH et travaillant sur le thème de « L’égalité de genre et indépendance socio-économique ». Les membres de la coalition WAW signataires de cette tribune : JUMP, Solutions for Equity at Work ; Pour la Solidarité ; Femmes de Droit ; Vrouwenraad ; Conseil des Femmes Francophones de Belgique ; Cercle Olympe ; Université des Femmes ; Touche Pas à Ma Pote ; Girleek.
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