Editorials

- Isabella Lenarduzzi

Pas de solution en 2012 sans les femmes

J’ai lu récemment que chaque siècle ne commence pas à l’année zéro mais une dizaine d’années plus tard par de profondes transformations. On le sait, 2012 et les suivantes sont considérées par les analystes et pour la première fois également par les responsables politiques, comme l’année de tous les dangers. Cela fait au moins 20 ans que de nombreux intellectuels nous disent qu’il n’est plus possible de garder le même modèle de fonctionnement car il n’est pas durable. Toutes les hypothèses sont annoncées, même la fin du monde d’ici quelques mois ! Toutes les solutions sont envisagées, brouillant complètement les pistes dans un environnement où nous n’avons de toute façon aucune visibilité sur la suite des événements. L’évidence de la nécessité d’une profonde transformation de nos modes de travail et de de vie est encore perturbée par quelques innocents qui prédisent un nouveau cycle de croissance. C’est vrai que c’est ce que nous avons étudié dans nos cours d’économie devenus complètement obsolètes. Pire encore, la crise financière de 2008 n’a pas engendré de réelles réformes structurelles alors qu’il y avait unanimité sur leur urgence. La société fonctionne collectivement comme on fonctionne au niveau individuel … il faut atteindre le fond (parfois l’horreur) pour que nous puissions redonner le meilleur de nous-même et inventer de nouveaux modèles, de nouveaux projets rassembleurs.

Et cette fois-ci, jusqu’où irons-nous avant d’oser changer ?

JUMP veut contribuer très modestement à cette réflexion en traitant le sujet au sein de la sixième édition du Forum à Bruxelles le 26 avril : TIME TO CHANGE. HOW TO BREAK FREE FROM OLD MODELS ? Nous avons invité des oratrices et orateurs visionnaires qui vont nous aider à comprendre ce qui arrive mais qui vont surtout nous proposer des pistes concrètes pour changer de paradigmes. Vous me direz que beaucoup d’événements le font déjà et à de très hauts niveaux. Mais JUMP le fait différemment et avec d’autres types de personnes inspirantes.

Différemment, car nous mettons l’égalité au cœur de la réflexion. Si tout le monde (ou presque) s’accorde pour dire que le développement et la croissance passe par une plus grande participation des femmes à l’économie et aux décisions, une fois la période de crise passée, le vieux modèle patriarcal revient en force. Regardez ce qu’il est advenu de la participation des femmes dans les nouveaux gouvernements arabes et du sort que ces nouvelles « démocraties » réservent à l’aspiration de plus d’égalité entre les sexes. Non seulement c’est affligeant mais c’est dangereux. Cela démontre que la façon d’exercer le pouvoir et ses motivations sont restées identiques sous des dehors de modernisme. En Occident on réagit de la même façon. Il suffit de se rappeler de la formidable percée des idées féministes (= idées d’égalité) juste après la seconde guerre mondiale. Malgré le tout nouveau droit de vote accordé aux femmes, la pression du « politiquement correct » dans les années 50 a relégué les femmes à leurs casseroles, à leur fonction de reproductrices et de repos du guerrier. La série télé « Mad Men » l’illustre parfaitement. Aucune avancée n’est JAMAIS acquise pour toujours.

Différemment, car les personnes qui interviendront lors du Forum sont aussi différentes de celles qui interviennent en général. D’abord il y a une majorité de femmes. Ce qui est rarissime. Ensuite tous ces orateurs ont intégré la dimension de l’égalité dans leur réflexion. Chez JUMP on croit que ce n’est pas futile. Nous pensons que les femmes font bouger les sociétés et les entreprises en profondeur, même si elles n’en n’ont pas toujours conscience. Plutôt que d’essayer de transformer les femmes actives en « hommes comme les autres », nous devrions valoriser leur différence et leurs attentes spécifiques. Nous pensons que c’est une voie essentielle pour que nous puissions nous adapter et réinventer une nouvelle façon de fonctionner au sein des entreprises et des institutions. Vous connaissez le mythe d’Isis et Osiris… C’est la détermination et la force d’Isis qui a redonné vie à Osiris qui s’est alors transformé en phœnix qui symbolise les cycles de morts et de résurrections. C’est exactement de cela dont nous avons besoin. L’antiquité connaissait déjà la puissance des femmes. Un nouveau modèle de société sera créé par les hommes AVEC les femmes ou alors nous sommes condamnés à le chercher longtemps.

Pour cette nouvelle année 2012, je nous souhaite d’oser changer !